Coats – Point valeur de juin 2020
Fondée en 1750, Coats opère principalement dans l’industrie du textile et de la chaussure en tant que leader mondial des fils de couture industriels.
L’entreprise propose notamment son savoir-faire historique à plus de 40 000 clients présents dans 100 pays. On pourra citer Nike, Michelin, Decathlon ou encore Ikea.
Sur son activité principale du fil de couture pour les professionnels de la mode, Coats a atteint 21% de part du marché mondial grâce à une croissance organique maîtrisée dans un marché très mature où de nombreux petits acteurs tendent à disparaître. A l’inverse sur sa seconde activité, qui représente 25% des ventes, et qui porte sur des produits techniques de haute performance (airbags, fibre optique, produits ignifuges…), le management a réalisé plusieurs acquisitions, comme récemment l’américain Pharr Yarns.
De plus en plus, les marques de mode internationales ont démontré la volonté de maîtriser leur chaîne d’approvisionnement et de ne pas dépendre aveuglément de fabricants de vêtements situés à l’autre bout du globe. Elles en réduisent la complexité en se concentrant sur un nombre plus restreint de fournisseurs ayant la capacité de livrer à l’échelle mondiale, notamment pour rapprocher leur supply chain des marchés finaux de consommation.
Dans ce contexte Coats présente un net avantage, avec plus de 50 sites à travers 6 continents la société bénéficie d’une présence mondiale inégalée permettant de répondre rapidement et de manière constante aux besoins d’approvisionnement de ses clients sur différents sites.
Nous identifions par ailleurs deux principales tendances dans l’industrie de la mode qui nous semblent être des facteurs de soutien majeurs pour Coats :
1 - Le respect de normes environnementales et sociétales
La prise en compte des aspects environnementaux fait dorénavant partie intégrante de la réflexion des marques de l’industrie de la mode. Elles ont pris largement conscience que la transparence croissante sur l’impact de leur secteur auprès du grand public représente une menace, le pouvoir de nuisance considérable des controverses sociétales et environnementales a été parfaitement identifié.
Pour répondre à cette prise de conscience collective, Coats consacre la moitié de son budget annuel en investissement sur des enjeux de durabilité ou de conformité.
Pour illustrer cette volonté, l’entreprise a lancé l’année dernière le premier fil 100% recyclé et d’ici à 2024, la société prévoit que 100% de sa gamme premium soit composée de matières post-consommation.
Cette tendance représente un défi technique qui sera probablement difficile à suivre pour les petits acteurs du secteur, de sorte que la concurrence devrait être plus faible dans cette partie premium du marché.
Par ailleurs, de plus en plus, les autorités font pression sur les petits acteurs, en particulier en Chine, au profit des plus grands qui ont la capacité d’adresser ces problématiques environnementales (la Chine a forcé la fermeture de centaines d’entreprises), et nous pouvons noter que les marques sont de plus en plus enclines à s’offrir une “tranquillité d’esprit” en s’associant à des acteurs de référence en matière environnementale.
2 - Une tendance haussière du coût du travail
Cette tendance nécessitant une amélioration des outils de production. La vague de délocalisation de l’industrie textile vers l’Asie débutée vers la fin des années 1990 avait pour but de profiter de la main-d’œuvre bon marché qui s’y trouvait. Aujourd’hui, les salaires dans cette zone, en particulier en Chine, connaissent une forte inflation et l’automatisation des outils de production devient ainsi un enjeu primordial pour compenser cette tendance haussière.
Automatiser signifie que la qualité du fil est d’autant plus importante que les machines à grande vitesse vont coudre plus vite et avec moins d’intervention humaine. C’est ici un avantage compétitif majeur pour Coats qui propose une gamme de produits reconnue pour sa grande qualité.
En améliorant ses outils de productivité interne, Coats a vu ses ventes par employé passer de 63 000 à 81 000 dollars entre 2008 et 2019.
Si Coats est à la pointe de la technologie dans sa propre industrie, le secteur reste toutefois en retard sur l’industrie automobile, une des plus optimisée en matière d’automatisation, qui est l’exemple à suivre pour les 10/15 prochaines années selon Coats.
L’industrie connaît par ailleurs depuis quelques années une tendance à l’externalisation de la Chine vers d’autres pays d’Asie (Vietnam, Indonésie, Bangladesh). Coats qui est globalement moins exposée que ses concurrents à la Chine (10 % des ventes de Coats pour 40 % du marché textile) bénéficie par ailleurs d’une plus grande part de marché notamment au Vietnam. Ainsi, cette évolution structurelle est mécaniquement favorable à ses parts de marché.
L’impact de la crise sanitaire
Le titre Coats a baissé de 50% durant la phase du Covid-19. Nous pensons qu’il s’agit ici d’une réaction excessive à court terme car elle est associée au fait que l’industrie textile a été gravement affectée par les fermetures de magasins. Certes, les clients finaux de Coats souffrent beaucoup car en plus de la fermeture de leurs magasins pendant 2 mois ou plus, ils devront sans doute vendre leurs stocks avec de fortes remises. Cependant, nous anticipons que le marché du vêtement devrait retrouver son niveau précédent dans un avenir relativement proche.
Le prix du pétrole devrait par ailleurs faire baisser le coût d’approvisionnement en polyamide ou en polyester, ce qui pourrait en partie atténuer l’impact de la baisse des ventes sur les bénéfices cette année. Mais plus important encore, la perturbation grave de l’industrie pourrait accélérer les tendances de part de marché déjà existantes, les petits acteurs endettés et/ou à faible marge pourraient effectivement rencontrer de graves difficultés.
La pandémie de Covid-19 et ses répercussions à long terme pourraient offrir de nouvelles opportunités commerciales pour le segment des matériaux de performance dans le domaine de la protection individuelle et des produits hospitaliers (fil antimicrobien).
Nous pourrions considérer le secteur d’activité de Coats comme cyclique en ce sens que la chaîne d’approvisionnement réagit généralement rapidement et réduit tout aussi rapidement la production pour réduire le risque d’invendus. Cela est nécessaire car les produits finaux sont saisonniers.
Cependant, la demande finale n’est pas si cyclique, elle est en effet liée à un besoin très fondamental – le fait de s’habiller – et l’activité de Coats couvre l’ensemble des besoins mondiaux. C’est pourquoi nous avons pu constater que les récessions avaient tendance à être suivies d’une forte reprise, comme ce fut le cas en 2009-2010.